La manufacture Française est née Lipmann, du nom de son fondateur Emmanuel (comme le fondateur des Vieilles Tocantes d’ailleurs, ça doit être un signe). LIP a produit des montres de légende, comme la Dauphine ou la Stop dite Parcmètre. Saviez-vous que LIP avait distribué en France les montres Breitling, Universal Geneve et Blancpain pour les lancer sur le marché Français?
L’histoire
C’est en 1867 qu’Emmanuel LIPMANN va créer le “Comptoir Lipmann” basé à Besançon. L’ancêtre de LIP va changer de nom en 1893 pour s’appeler “Société anonyme d’horlogerie Lipmann Frères”, en référence aux deux fils d’Emmanuel, Ernest et Camille.
Sous l’impulsion des deux frères, la compagnie va se diversifier dans l’horlogerie, et devenir un comptoir horloger réputé pour la qualité et la précision de ses montres.
A l’aube du nouveau siècle, le premier chronomètre de la marque voit le jour et porte le nom « LIP ». L’association du nom du modèle avec la marque est telle que la manufacture va décider d’adopter le nom « LIP »
Au début du vingtième siècle la marque prend son essor, fabrique de nombreux mouvements, et commercialise ses premières montres luminescentes grâce aux sels de radium apposés sur les cadrans et aiguilles.
Frédéric Lipmann, fils d’Ernest, rejoint l’entreprise en 1931 en tant que directeur technique. Son sa direction, les modèles mythiques de la marque vont s’enchaîner. La T18 en 1933, la Nautic en 1936.
A la sortie de la seconde guerre mondiale, Fred Lipmann devient président de LIP. Fred va chercher à innover, à la fois dans la technologie et dans le design.
Les premières Dauphine apparaissent en 1957 et ne portent pas le nom LIP. L’objectif est de les différencier de la gamme classique, car en effet, les Dauphine sont positionnées en entrée de gamme là où LIP occupe le plus haut de gamme. Contre toute attente, le succès des Dauphine est immédiat et massif. LIP va donc illico réintégrer les Dauphine dans la maison mère, et le sigle LIP va faire son apparition sur les Dauphine. Encore aujourd’hui les Dauphine d’époque sont très recherchées.
En 1958, LIP innove avec la LIP Electronic, première montre électrique de l’histoire, une sorte d’hybride ingénieux entre mouvement mécanique et électrique.
Malheureusement, les difficultés vont petit à petit s’accumuler. LIP est extrêmement populaire en France mais peine à se faire une place à l’international. La crise du Quartz au début des années 70 va avoir raison de la manufacture.
En 1973, c’est le premier dépôt de bilan. Malgré les efforts des employés pour relancer la production, la manufacture dépose à nouveau le bilan en 1976. La marque disparaît alors du paysage horloger jusqu’en 1990, date à laquelle la société détentrice de la marque LIP est rachetée par un industriel du Gers qui va relancer LIP.
Aujourd’hui, LIP distribue ses montres sur son site internet, ainsi qu’au travers de son réseau de revendeurs, principalement Français, mais aussi étrangers. La gamme est composée de montres mécaniques et à quartz reprenant les modèles historiques LIP.
Les inventions et les brevets
Comme toutes les marques horlogères, LIP a su tirer partie des innovations technologiques de chaque époque.
Cadrans luminescents : LIP a très vite compris l’intérêt de la découverte de Marie et Pierre Curie. La radioactivité du radium entretien la phosphorescence d’une autre matière (en général le sulfure de zinc) mélangée au radium et appliquée sur les aiguilles et cadrans de montre, qui deviennent visibles la nuit.
Montres électroniques : Au cours des années 1950, LIP a inventé la montre à pile. L’approche de LIP est fascinante, mi mécanique, mi électronique, mais n’a malheureusement pas résisté à l’offensive du quartz totalement électronique et beaucoup moins cher. Pas de quartz donc dans le concept de LIP, mais une (ou deux) pile(s) et une diode électronique qui remplacent le ressort de barillet et entraînent un vrai balancier au moyen d’un électroaimant.
Les montres emblématiques
Quand on parle des montres emblématiques LIP, on pense tout de suite à la Dauphine et à la Stop, mais il y a d’autres montres aussi connues que les célébrités qui les ont porté ou utilisé, la Type 10 de Jean Mermoz, la T18 de Winston Churchill, l’Himalaya de Maurice Herzog, l’Electronic du Général de Gaule et celle d’Eisenhower, la Nautic Ski moderne d’Eric Tabarly.
Type 10 (1930) : L’originale type 10 de l’époque n’est pas une montre de poignet, ni même une montre à gousset. C’est une montre de bord qui équipait les tableaux de bord d’avion dont celui du célèbre aviateur français Jean Mermoz. L’avion est un Latécoère 300, le seul et unique exemplaire de la série, baptisé “Croix du Sud” par son premier commandant de bord Roger Bonnet. LIP a mis sur le marché plusieurs déclinaisons de cette type 10 au format poignet.
Type 18 (1935) : Il s’agit du nom du calibre maison créé par André Donat, alors directeur du développement chez LIP. Le nom du calibre sera repris pour l’appellation de cette montre rectangulaire T-18 rendue mythique par le gouvernement Français qui en offre un exemplaire à Winston Churchill en 1948.
Nautic (1936) : Première montre de plongée de la marque. La version de 1936 est une montre étanche mécanique à remontage manuel. Trente années plus tard sort la Nautic Ski, une évolution de la Nautic qui devient étanche à 200m grâce à son boitier compressor. La Nautic Ski sera disponible en version mécanique à remontage automatique, mais aussi en version équipée du mouvement Lip Electronic.
Himalaya (1950) : L’expédition Française dont Maurice Herzog fait partie gravit l’Anapurna équipée de montres LIP Himalaya conçue pour l’aventure extrême : étanche, antichoc, ressort incassable Elgiloy.
Dauphine (1957) : La Dauphine est née comme une sous marque de LIP. C’est une gamme de montres imaginée pour l’entrée de gamme. Aujourd’hui très recherchées, les Dauphine ont pris de la valeur. Le nom « Dauphine » et choisi pour associer la gamme de montres au succès automobile de l’époque, la Renault Dauphine.
Electronic (1958) : avec le calibre R27 puis le calibre R128, LIP produit des montres électroniques. Il y aura la LIP Electronic, mais pas que, car LIP va décliner le concept Electronic sur toute la gamme. On va donc retrouver des Dauphine Electronic, l’Himalaya Electronic, la Nautic Ski Electronic…
Stop (1968) : Avec l’arrivée des parcmètres dans les ville Française, les amendes pleuvent. LIP produit la Stop pour aider les propriétaires de voiture à ne pas se faire verbaliser pour un stationnement payant expiré. La stop présente un compteur de minutes sur le haut de la montre. Le compteur est un disque qui tourne comme le fait l’aiguille des minutes. Un bouton poussoir à deux heures permet de remettre le compteur à zéro. Ainsi, lorsqu’on gare sa voiture, on paye son parking, et on appuie sur le bouton poussoir pour pouvoir connaître à tout moment depuis combien de temps la voiture est stationnée. La stop est produite avec quatre couleurs de disque : noir, bleu, rouge et vert.
La marque aujourd’hui
Depuis la renaissance de LIP en 1990, la marque distribue une gamme de montres extrêmement variée s’inspirant de ses modèles historiques. Les modèles sont déclinés en quartz pour l’entrée de gamme, et en mouvements mécaniques et automatiques pour les modèles plus hauts de gamme.
LIP ne fabrique plus de mouvement maison pour le moment. La manufacture se fournit en ébauches (parties de mouvement) provenant principalement du fabriquant Japonais MIYOTA.
Références
Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Lip
Latécoère 300 : https://fr.wikipedia.org/wiki/Lat%C3%A9co%C3%A8re_300
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